Bref je vais en Ouzbékistan

Bref, avec mon vélo je devais depuis l’Iran aller en Ouzbékistan. Entre les deux pays, le Turkménistan.

Le Turkménistan c’est :

  • 4’977’574 habitants
  • 488’100 km² de superficie dont 80% de désert
  • Des routes avec beaucoup de trous
  • 3 dents en or en moyenne par habitant donc 14’932’722 unités
  • Plus de mygales que d’habitants
  • 45° en pleine journée
  • Un parti politique unique…
  • Un visa de transit de 5 jours uniquement, il va pas falloir traîner

1er jour

A la frontière Iranienne, on me dit d’attendre le président du poste frontière pour contrôler mon passeport. J’ai attendu 3h. Le président arrive, regarde mon passeport et dit, It is ok ! Cela a duré 30 secondes. A la frontière Turkmène, après la visite médicale et quelques « détails » on me dit : Welcome in Turkménistan ! Dans le village de Sarahs, je croise les premiers habitants de ce pays. Je les ai regardé, ils m’ont regardé, ils m’ont souri et j’ai pensé : woaw, des dents en or ! La gens s’occupent de moi, me montrent le chemin et me font comprendre qu’il va faire chaud. Je prends un raccourci, j’aime bien les raccourcis mais là… La route, un massacre. Des nids de poules, des écailles, des tranchées, tout un programme… Le soir, premier bivouac turkmène et pour fêter ça, j’ouvre une boîte de thon.

2ème jour

La route, toujours dure. Le vent, toujours de face. A 7h36, je trinque à la vodka avec des routiers. A 8h12, je bois mon premier thé turkmène. A 17h22, j’arrive à Mary. J’y reste une heure, le temps de :

  • Me faire rouler dans une épicerie
  • rire à en pleurer avec deux gars qui changent de l’argent sous le manteau
  • tomber amoureux, deux fois…
  • d’apprécier la mégalomanie de l’ancien président et admirer ces ENORMES bâtiments administratifs

Bilan du jour, 7h53 à pédaler, nouveau record. Pour fêter ça, j’ouvre une boîte de thon.

3ème jour

Je traverse la campagne et m’émerveille ! Les gens sourient, les gamins se baignent dans les canaux, les ânes me regardent passer, les bergers promènent leurs chèvres et leurs dromadaires. Beaucoup de plaisir. Le désert arrive d’un coup, ou presque. La chaleur est au rendez-vous. Elle ne voulait pas me manquer et elle a invité le vent, histoire de ne pas se sentir seule. A midi, je mange avec une famille dans un restaurant. Et les deux garçons me font des dessins. Je roule deux heures de nuit, les étoiles, la lune et l’ancienne route sans circulation. Et au souper, pour fêter ça, j’ouvre une boîte de thon.

4ème jour

Réveil aux aurores, le vent a décidé de me siffler dans les oreilles jusqu’à la fin. Je ne vais pas vite, mais j’avance. À 13h17, pause dans une tchaikane climatisée ! Petite sieste, petite soupe, petits plaisirs.
16h22, je prépare Panada pour reprendre la route. Je vais derrière la baraque pour jeter mes vieilles bouteilles d’eau comme je le fais à chaque fois. Et là, à l’ombre d’un réservoir d’eau, un chien, type pittbull avec les oreilles coupées me voit. Il me regarde, je le regarde et on sait très bien ce qu’il va se passer. Il se lève d’un bond et court sur moi. Je recule en lui faisant face. Il a une chaîne autour du cou, ouf ! La chaîne est cassée, argh, rien ne l’arrêtera… Il me saute dessus…

[entracte]

Première photo turkmène, avec presque que des filles...

Les routiers turques sont sympas!

Sourire matinal arrosé à la vodka

...

Bâtiment publique...

Panada vraiment tout petit...

Bref, je traverse le Turkménistan

Avant de reprendre, je voudrais simplement préciser que cette attaque aurait pu arriver n’importe où. Dans une ferme, une cour, en Europe, en Turquie, n’importe où… Il protège son territoire…

Où j’en étais ? A oui, il me saute dessus… et je lui envoie mon bras dans la gueule. Je le repousse et il est obligé de lâcher prise. On tombe chacun d’un côté, on se relève et on se prépare pour le deuxième round. Il m’attrape la cuisse, enfin la poche latérale de mon short. Moi, je lui hurle dessus et lui envoie un crochet du gauche. Il abandonne et j’ai gagné la partie. Bilan : une poche de short arrachée, un coude et un genou égratignés et trois marques de crocs dans le bras droite. Un miracle ! J’ai eu beaucoup de chance… Je retourne dans le restaurant, la serveuse horrifiée me désinfecte à la vodka et me conseille d’aller à l’hôpital immédiatement.

– c’est loin ?
– Non, juste 25km…

A voilà… 2 heures plus tard, j’arrive à Turkmenabad. La chasse à l’hôpital commence. Je tourne 3 heures dans la ville, visite deux cliniques où l’on ne peut pas me soigner (le premier, on ne soigne pas les touristes, le deuxième, hôpital pour enfants). Finalement, avec l’aide de deux jeunes gars, j’arrive aux urgences de la clinique de la ville. Après un slalom entre les cafards, une heure d’attente et des coups de fils aux autorités pour savoir si les médecins avaient le droit de s’occuper de moi, on me fait une injection antirabique, un pansement et me revoilà d’attaque. Les infirmières me disent de bien faire attention, j’ai promis, 3 fois… Pour fêter ça, je m’offre un restaurant.

5ème jour

Réveil aux aurores, 40km de vélo et me voilà à la frontière. Quelques formalités, des sourrires, des poignées de mains et c’est fait, me voilà en Ouzbékistan.

En résumé, pour moi le Turkménistan c’était :

  • 500km exactement.
  • 46 litres d’eau, 4 litres de Fanta, 3 litres de Coca, 2 litres de thé et un shoot de Vodka.
  • 3 boites de thon, un kilo de pâte, des dizaines de Samosas, quelques soupes de moutons.
  • Des centaines de sourires, des dizaines de poignées de mains et beaucoup de plaisir avec les autochtones.
  • Des mygales un peu partout, de (très) gros et petits lézards, des troupeaux de dromadaires, un chien attachant…
  • Du vent, du sable et du soleil…
  • Un challenge de relevé et une certaine satisfaction.

Bref, j’ai traversé le Turkménistan, et pour fêter ça, j’ai décidé d’arrêter les boites de thon et de me mettre à la conserve de quetsches.

Hommage à la série Bref, merci pour ces grands moments!

13 Réponses à Bref je vais en Ouzbékistan

  • Laureline

    TROP BON – Encore un superbe post, faut vraiment que tu écrives quand tu seras grand. Je suis contente que tu t’en sois sorti … Des bisous !

    • chris

      Merci! mais le problème c’est que je ne suis pas prét d’être grand… des becs!

  • Amandine

    Excellent ! Moi j’dis bravo à TOI pour ces grands moments !! 🙂

    • chris

      Merci! que d’aventures effectivement… et je crois que ce n’est pas fini!

  • mélissa

    MDR tout le long, sauf le passage du chien ou j’ai tremblé pour toi, j’ai trop imaginé la scène !!! La désinfection à la vodka doit être … piquante !!! Continue bien et bel hommage à la série ! :o)

    • chris

      Je confirme pour la désinfection! Merci pour ton retour! A bientôt

  • François

    Superbe récit, trop bien par rapport à Bref !

    • chris

      Je voulais rendre un petit hommage à cette série. Merci!

  • loic munaro

    Bordel, j’ai jamais vu la serie Bref, mais a ta facon d’ecrire, j’aime deja!

    • chris

      Merci mon gars, faudra t’y mettre à ton retour. J’espère que tout va bien pour toi!

  • […] un hôtel, m’écroule sur mon lit, ferme les yeux, j’ai le moral au plus bas… Après une traversée du Turkménistan épique, une morsure de chien qui me fera retourner à l’hôpital trois fois, la chaleur qui me […]

  • Timothée

    4 ans plus tard et le plaisir est de mise, à la lecture de tes posts. Celui-je, je dois avouer, m’a spécialement plus. Saccadé, il met surement en avant, par sa forme, le rythme de ton voyage, couleurs, chiffres, aventures, trépidations, le souffle court (A bout de souffle?), on se voit dans un film connu de Godard (justement), haletant, surpris, ravis… Merci pour ce partage, qui n’est pas uniquement contemporain à ton voyage, mais gravé dans les anales virtuelles! Jusqu’à quand? En tout cas, aussi gravé dans mes anales. J’ai envie de partir.

    • chris

      Merci Tim!

      Joli message, ça me touche beaucoup et content que ça te donne le goût de prendre la tangente! C’est marrant, je n’avais jamais relu ce texte et ça m’a donné l’occasion de me remettre dedans. ça fait du bien, merci à toi!

      Au plaisir!

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