Balade sacrée

Voilà un mois que je suis en Corée du Sud.

Repos et réparations ont été le principal programme de mes journées depuis mon arrivée. J’en ferais sûrement un article bientôt mais pas aujourd’hui… Ce que je vais vous raconter maintenant, c’est un coup de cœur. Un moment qui rend, une fois de plus, cette aventure magique.

« En attendant mon visa russe, je flâne en Corée du Sud. Pas vraiment d’objectif. Je laisse aller mes envies.

C’est une de ces journées où un cycliste ne mettrait pas une pédale dehors, avec un vent de face à me décrocher la mâchoire. Le ciel, quand à lui, a de la peine à se décider entre la pluie et la neige. Peu importe : l’effet est le même. L’eau s’insinue subtilement entre mes couches de protection et atteint mon épiderme qui n’avait rien demandé.  Au détour d’une route, je vois un panneau qui indique un monastère bouddhiste. La nuit est toute proche, je m’engage sur la voie secondaire et après quelques kilomètres je plante ma tente. Une nuit fraîche mais réparatrice et une grasse matinée prolongée pour faire sécher toutes mes affaires. Le camp est levé à midi moins sept et je suis à l’entrée du monastère à midi moins quatre.

La visite commence par de grandes portes en bois et colorées de vert, rouge et jaune. Sur les murs qui encadrent l’ouverture, des peintures représentant des villages en hivers ou des scènes des histoires bouddhistes. Je reste planté là, à admirer les fresques. Les passants me regardent mi- amusés mi- perplexes.

La porte d’entrée

Une des fresques en question

Tout à coup, les cloches sonnent et tout le monde se dirige vers un grand bâtiment. Quand je dis tout le monde, ce sont les moines, les touristes, le jardinier et moi. Comme un poisson pris dans un courant, je suis les personne devant moi mais en prenant mon temps, en observant. Un moine vient vers moi et me dit :

– Lunch ! Come, come…

Et me voilà à faire la queue pour le repas. Je suis entouré de mamies qui me font des compliments et qui insistent pour que je change de short (je traîne ce short depuis la Turquie, il a fait plus de 14’000km et après de multiples réparations, il tombe en lambeaux… ). Mes nouveaux anges gardiens me chaperonnent et me conduisent au buffet. Le menu est composé de Kimchi (sorte de salade de laitue épicé), de riz, de gâteaux de riz, de légumes au vinaigre et de tofu. Mon assiette déborde et les moines se moquent un peu de moi.

Le repas est partagé avec tout ce beau monde comme si c’était tout à fait normal ! Quand je quitte la table, on me donne encore des gâteaux de riz pour remplir les sacoches.

Petite autel…

… pour petit Bouddha

Tout le reste de l’après-midi, je le passe avec le sourire aux lèvres, me baladant dans le monastère. Je fais le tour de chaque maisons, chaque portes, chaque sculptures. Le temps ne joue plus grand rôle et les déambulations sont presque méditatives. Pas un bruit, tout est calme. Même le vent prend son temps et se détend dans cet endroit. Les montagnes entourent le lieu sacré, l’encens remplis les narines, tous les détails sont là pour que je sois transporté dans une autre époque, dans un autre état… La fin de la balade me mène dans les hauteurs des collines adjacentes. En grimpant sur une petite route couverte de la neige de la veille, je m’attends à découvrir un temple ou une autre merveille. Le temps passe, mes pas m’entraînent et ma tête se met en mode automatique. Les pensées fusent, je fais le point, mon esprit à des idées, des projets, des envies, je réfléchis et j’en apprends encore un peu sur moi-même et sur le monde qui m’entoure. Arrive la fin de la route, deux maisons sont plantées là, rien d’exceptionnel… je serais presque déçu… Après un petit temps à faire le tour du coin, au cas où je changerais d’avis, je me décide à partir et c’est en commençant la descente que mon visage s’illumine d’un sourire. Je me rends compte que j’ai beau ne pas avoir trouvé quelque chose d’intéressant à la fin de la route, c’est pendant tout le trajet que j’ai « vu » les choses importantes. Je ne sais plus quel philosophe, voyageur ou mathématicien disait : « l’important n’est pas le but mais le chemin pour y arriver ». Aujourd’hui, j’ai eu un exemple simple et concret de cette vérité.

C’est un peu plus en paix que je quitte le monastère. Je vais rouler, rouler, rouler et continuer à apprendre de la vie de nomade qui est la mienne. Un jour celle-ci s’arrêtera et j’aurai alors atteint le « but » mais c’est le chemin parcouru qui aura fait la personne que je serai… Meilleur ou plus mauvais ? Cela dépendra du point de vue mais en tout cas grandi, ça c’est garanti ! »

Chris

5 Réponses à Balade sacrée

  • DESCHAMPS ANNIE

    MANASTE MY DEAR CHRIS DE BRETAGNE QUE DE BELLES CHOSES ET LECON DE VIE MERCI POUR CE PARTAGE LES CREPES ET GALETTES T ATTEND A LA CASBA PREND SOIN DE TOI
    BISOUS BON VENT KENAVO AMICA ANNIE

  • Sonia

    Bonjour Cris…

    Merci pour ce magnifique récit, ces photos et cette belle philosophie….

    Bonne route et à bientôt

    Sonia

  • Paco Neto

    Bonjour
    Je suis super surpris tout ton parcur. et aussi parce que cest mon rêve de voyager autour du monde à vélo.
    Eh bien, je vais le faire bientôt.
    Bon tout le courage,que vous avez besoin,je suis fier pour toi.

  • loic

    J’aime toujours autant ta manière d’écrire!
    continue a en profiter l’ami.

  • Seunghee Jin

    Hi, I’m Seunghee from Busan, Korea.
    My husband is a teacher at the elementary school in Yangsan, 30km away from Busan.
    If it’s ok for u, I can ask to my husband to help with it.
    Pls let me know your schedule in Busan and your staying place.

    Seunghee Jin

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