Anecdotes de Russie

Et non, le chapitre de la Russie n’est pas encore tourné. J’ai beau être déjà loin des terres slaves, je ne me lasse pas de penser et d’écrire sur ce pays. Voici une petite série d’anecdotes pour clore ce chapitre du voyage.

Grosse bête

La Russie compte une population conséquente d’ours. Tout le monde a entendu parler de ces plantigrades qui vivent dans les forêts de Sibérie, exactement celles que je compte traverser. J’ai entendu et appliqué toutes sortes de conseils. D’éloigner la nourriture de la tente et de l’accrocher dans un arbre, de camper près d’un village ou d’habitation ou encore d’uriner autour de l’endroit où l’on veut dormir… Mais rien à faire, les gens du coin, qui veulent un peu donner la frousse aux touristes nigauds comme moi, disent à chaque fois qu’il ne faut pas dormir dans la région, car il y a de grandes chances de se faire dévorer pendant la nuit ! Ce qui m’aura valu quelques nuits blanches, je l’avoue…

Lors d’un de mes arrêts dans un café, je vois une grosse cage avec un petit ours à l’intérieur. C’est la première fois que je peux m’approcher d’un spécimen de si près. Et là, toutes mes théories et plans de fuite face à un tel animal fondent comme neige au soleil. La bête est musclée, agile et rapide. Si un de ses congénères décide de me rendre une visite nocturne, je n’ai aucune chance de m’en sortir… Pour m’assurer que le coin ne pullule pas d’ours, je vais demander au patron du restaurant ce qu’il en est. À l’intérieur, je tombe sur une vieille femme et dans mon russe approximatif, je lui demande :

– Ours, tente, dormir, problème ?

– Bah, les ours, il n’y a pas de problème, non… ce dont il faut se méfier, ce sont les tigres !

Me voilà prévenu… Mais pendant les trois mois de traverser de la Russie, je ne rencontrerai ni ours, ni tigre. Ces grands prédateurs ont déserté depuis longtemps les zones proches des routes et du rail. Et pour finir, en Sibérie, ce ne sont pas des grosses bêtes qu’il faut se méfier, mais des petites bêtes !

...

Petites bêtes

Parlons en des petites bestioles ! Ces insectes qui grouillent dans l’air et sur le sol. Mouches, moucherons, fourmis, coléoptères, araignées, papillons, sauterelles… Qu’ils rampent, volent, grouillent… impossible de les éviter, ils ne me lâchent jamais ! Mais ceux-là restent inoffensifs, parlons un peu des moustiques, LE véritable ennemi en Sibérie. Dans certaines zones (beaucoup!), dès la fin de la journée, ces petites bêtes sortent de leurs tanières pour venir sucer le sang frais du petit cycliste suisse que je fais. Comme si j’étais un menu exotique, ils se jettent sur moi, me délestent de quelques microlitres d’hémoglobine et me laissent une minuscule bosse cutanée. Celle-ci ne se fera pas prier pour me démanger, à me rendre fou, pendant les prochaines minutes, voire les prochaines heures. Les piqûres se comptent par dizaines chaque jour, et à force de gratter, ma peau s’ouvre et s’infecte. Un fléau qui gâchera un peu mes soirées dans les grands espaces. La plupart de mes repas se feront dans la tente.

Moralité : En Russie, n’achète pas un fusil contre l’ours légendaire mais plutôt un antimoustique pas cher, tu feras un bien meilleur profit !

Libellule...

Libellule…

Coléoptères et araignées, quelques exemples de petites bêtes

Coléoptères et araignées, quelques exemples de petites bêtes

Je suis un aventurier !

Les plaines de Sibérie donnent souvent l’impression d’être au bout du monde. Un soir, après une grosse journée remplie de collines escarpées, je me perds dans mes pensées. Je me dis :

– Wow, c’est incroyable ce que je fais ! Je suis seul au monde, loin de tout et traverse ces étendus à la force de mes mollets. Je suis un aventurier !

Et pendant que je me laisse aller à ces réflexions presque héroïques, j’aperçois, au loin, un piéton. 500 mètres nous séparent et je me dis que c’est un type du coin qui fait une balade. Mais plus je m’approche, plus je me rends compte de l’absurdité de ce que j’avance. Pas un village a des kilomètres à la ronde, peu probable qu’un promeneur se dégourdisse les jambes dans le coin. Et c’est quand je me retrouve à quelques mètres de lui que je comprends. Gros sac à dos, sac ventral, grosses chaussures de marche… Me voilà en face d’un homme qui voyage à pied. Luigi, un italien de 66 ans qui traverse la Russie à pied… À PIED ! Trois fois trois mois (visas obligent), il en est à sa dernière partie. Du lac Baïkal à Vladivostok. Je suis ahuri ! Il y a plus de 10’000 km en tout ! Je veux écouter son histoire et lui propose que l’on campe ensemble dans le coin. Il est 19 heures et je suis déjà bien fatigué. Luigi me répond qu’il n’a pas encore fait ses 40 km quotidien et que de toute façon, il ne s’arrête jamais avant 10 heures du soir. Cela me remet en place et avant de me coucher, je roulerai encore trois heures. Et pendant ces quelques kilomètres supplémentaires, je me dirai que, en fin de compte, je ne fais rien de bien extraordinaire en comparaison à ce voyageur pédestre…

Moralité : On a beau se dire que l’on fait quelques choses d’extraordinaire, il y aura toujours quelqu’un pour vous ramener les pieds sur terre.

Luigi

Luigi

L'homme qui traversais la Russie à pied

L’homme qui traversais la Russie à pied

Retour à la maison

Dans les cols après le lac Baïkal, près d’un restaurant, je rencontre un routier slovène. C’est assez rare de tomber sur une personne qui n’est pas russe sur cette route ! Alors, naturellement on commence à parler ensemble. Il est sur la route pour la Mongolie où il doit livrer des marchandises. Il a fait une semaine de trajet et il reste encore trois jours pour arriver à destination. On parle de tout et de rien, et puis je lui raconte mon voyage. Deux ans ! c’est beaucoup trop long d’après lui et il faut que je rentre à la maison.

– Dans une semaine, je serai à nouveau ici, je peux te prendre avec moi et je te ramène jusqu’en Suisse si tu veux. Dans 15 jours, tu peux être chez toi . Ça t’intéresse ? Me dit-il.

Je n’en reviens pas. Déjà de sa gentillesse (l’amabilité des Slovènes, une fois de plus!) et du fait que je pourrais monter dans ce camion et rentrer chez moi, juste comme ça. C’est un sentiment très bizarre de se dire qu’en 14 jours, je pourrais revenir près des miens après deux ans d’errance. Le retour n’est pas pour maintenant et je décline l’offre amicalement.

Moralité : On a beau partir loin et longtemps, on n’est jamais très éloigné de chez soi.

Vive la Slovaquie

Vive la Slovaquie

 

Une réponse à Anecdotes de Russie

  • Laurent

    Bonjour,

    Pourrions nous entrer en contact directement afin de discuter des problématiques liés au(x) visa(s) ?
    Est il possible d’obtenir un visa de 3 mois en prétendant marcher jusqu’à Moscow pour ensuite continuer en toute illégalité jusqu’à Vladivostok ?

    Cordialement.

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