Me voilà au sud de la Turquie. Les cactus ont remplacés les rochers de la Cappadoce. L’herbe verte a pris la place de la neige. Le short et le t-shirt ont remisés mes huit couches de vêtements thermiques… Bref, j’ai gagné 30° ! Mais pour en arriver là, j’ai dû pédaler six jours et vivre pas mal de choses…
Dire au revoir à la pension où j’ai vécu cinq mois m’a fait bizarre. C’est un peu comme si je partais à nouveau de chez moi. Les mêmes aprioris, la même excitation mais à la différence que je sais comment cela va se passer. Au revoir Göreme, bonjour le monde ! C’est un peu ce que je chantais dans ma tête mais j’ai vite déchanté. Ma condition physique est déplorable et je sus vite de grosses gouttes malgré le 0° ambiant. De plus, mon vélo est surchargé et la masse pondérale que j’ai acquise ne m’aide en rien. Alors je me mets des petits objectifs : le prochain village, le haut de la colline, après le virage et petit à petit j’avale les kilomètres. À la fin de ce premier jour, content d’avoir pu avancer et plein d’entrain à l’idée d’attaquer mon premier col, je me vois bloquer par un ennemi encore inconnu de mon expérience de cyclotouriste. LA NEIGE ! Col bloqué par 50cm de poudre blanche soufflée… Me voilà obligé de retourner en arrière… et le pire, c’est que l’on m’avait prévenu ! Un chauffeur de bus s’était arrêté pour me dire que le col était plein de neige mais comme j’avais fait la moitié du chemin, fièrement je me suis dit : – il exagère, les gens exagèrent toujours, je vais aller voir et au pire je pousserais un peu…
Non, il n’exagérait pas. J’ai dû mettre ma fierté de côté et prendre la route dans l’autre sens à la nuit tombante. Par chance, au village suivant, je serais accueilli, nourris, et logé dans la mosquée du bled ! Merci les turques et à bas mon arrogance.
Le jour suivant, une autre route, un autre problème. C’est ouvert, les voitures roulent mais les cinq centimètres de neige restante sur quelques tronçons me donneront du fil à retordre et des chutes plus pathétiques que spectaculaires. Mais cela me fait du bien au moral car je vois que j’en suis capable et que je reprends le goût à l’effort, un mal pour un bien comme on dit. En fin de journée je tombe sur Erika et Albert, un couple japano-hispanique de cyclos qui logeaient à la Köse Pension. On décide de rouler ensemble. Ils ont mis trois heures à faire ce que j’ai fait en presque deux jours… quand on prend le bon chemin… Mais pas de regret car j’ai roulé dans un paysage alpin. J’avais l’impression d’être en haute montagne, entouré de blanc et de pics rocheux. Et surtout de ce silence que seul l’hiver et la neige peuvent apporter.
Difficile de résumer ce troisième jour. Vent violent, neige, pluie et route bien droite. Difficile pour le moral mais nous roulons à trois et on refait un peu le monde. Un grand cap se passe également sur cette route monotone, le cap des 10’000 km ! C’est un peu bizarre de juste passer la barre après 3 jours de reprise mais je vais le remarquer plus, cela va me donner un coup de fouet. Nous nous séparons avec mes amis d’un jour et la route m’attend cette fois seul.
Les deux jours qui précéderont mon arrivée se résument à quatre cols, plus de 50km de descente, une nuit dans un restaurant abandonné avec un clochard comme compagnon, un aller-retour en stop dû à l’oubli de mon bâton anti-chiens et 20 kilomètres de montée sur une autoroute…
Et surtout des paysages et un accueil, comme toujours en Turquie, in-croy-able ! D’ailleurs, ma dernière nuit avant Adana, la ville depuis laquelle je vous écris, je l’ai passé dans une famille de bergers. On m’a confié une tente faite de bâches et de bouts de bois. J’ai eu droit à des olives de la réserve familiale, ainsi que du fromage de brebis home made. Evidemment, personne ne parle anglais, mais petit à petit, nous trouvons notre langage et arrivons à communiquer. Mustafa, le patriarche a 63ans. Dans sa vie, le plus long voyage qu’il ait fait, c’est ce que j’ai parcouru avec mon vélo durant la journée. Moins de 100km… Je me pose des questions sur la chance que j’ai de voyager, de pouvoir bouger aussi facilement… Je me sens chanceux. Mais est-ce que Mustafa n’est-il pas heureux de sa condition ? Est-ce que le fait de n’avoir jamais été plus loin que cela le rend triste ? En le voyant, je ne crois pas. Il s’occupe de ses brebis et de sa famille avec amour et passion. Il profite des instants du moment. De réaliser en me voyant qu’il n’a pas tant voyagé ne le rend de loin pas malheureux, songeur comme moi tout au plus. Une leçon de vie qui vient s’ajouter aux autres que j’ai apprises durant mes 10’000km. Maintenant la route s’ouvre à moi pour encore 10’000 autre kilomètres je l’espère, et plus si affinité. Le temps de bien repasser toutes ces leçons de vie et d’en apprendre d’autres.
La suite du programme ? Continuer dans le sud de la Turquie, cap plein Est en direction de l’Iran.
Un grand merci encore à tous les gens qui continuent à me soutenir, à suivre mes aventures et à penser un peu à moi ! J’ai eu la tête pleine de vos encouragements et de vos pensées durant mes premiers jours. MERCI
Chris
Bon courage pour la suite!
Et profite bien de ces merveilleux paysages et de ces inoubliables rencontres! 🙂
Merci beaucoup! je reprend la route ce matin, sous le soleil! que demander de plus?
Bon vent l’ami…
Laisse la neige derrière et brule toute cette mousse au chcolat!
Raph sous les chauds degrés des Émirats Arabes
La mousse au choc se fait la malle! je fait de la place pour le saumon… profite mon ami!
Magnifiques photos ! ça fait voyager..
Grosses pensées pour toi et bon courage pour la suite !
Merci encore pour tout! des becs
Trop bien ton article Kiris !! Les photos nous montrent par où tu passe.. et je t’imagine sur ton vélo bien que je sois à quelques miliers de kilomètres de toi et panada. En lisant je me suis dit « tiens, ce mec a fait un travail sur lui même », on s’en l’objectivité presque jusqu’en Suisse hahaha
Bonne route, j’espère que tu regrettera pas de pas avoir de presse-citron 🙂
Becs
Bonjour et bon courage.
C’est en passant sur Allo La Planète que j’ai trouvé votre blog. Que j’ai parcouru, belles photos. Beau projet! Depuis 2 mois je voyage à vélo et en spectacle en Asie. Je rentre en France bientôt avec un prochain départ pour l’Asie de nouveau. Au plaisir un jour de se croiser peut-être? D’ici là, bonne continuation…
Je t’ai accueilli chez moi, en France, ça devait être au mois de mai l’année dernière tu en étais au début de ton aventure et je vois que ton dynamisme et ta volonté 300 jours plus tard restent inchangés. Merci de nous faire partager tous ces moments avec toi. Courage pour la suite…
Je m’en souviens très bien, comment va la petite famille? merci encore!
Courage mon pote ! C’est toujours un plaisir de découvrir ces magnifiques paysages aux travers de tes photos! Continue comme ca et au plaisir de t entendre ! ++
Merci mon gars, je t’attends toujours cela dit…
Du bon! Bonne continuation 😉
Mec, je te suie ton blog avec assiduité! bonne route!
Trop beau! Fais bonne route et attention à vous avec Panada hein? Son porte-bagages me manque… Fat POEME
Hello Chris, j’espère que tu avais prévu les pneus à neige.
Quel paradox toute cette neige dans le sud-est alors qu’ici, cette semaine il à fait jusqu’à +20.
Te souhaite bon vent, si possible dans le dos,
Tonton
La neige commence à faire place au chaud aussi de ce coté. enfin!
Merci
Chris
Bonjour,Bonsoir …Chris,il faut être flexible dans la vie.Ca se dit si facilement,mais vraiment confronté en poil et chair,avec physique et psychique,c’est autre chose.J’admire ton courage,ta volonté et ton endurrence.-Je ne pourrais jamais assumer tous ces changements jour après jour,heure après heure.-Je lis avec grand intéret les textes,histoires et photos commentées de toi.Tu mets une certaine intimité entre les lignes,en toute symplicité,qui font approcher à ta personnalité chaleureuse et il ne faut pas être étonné,qu’on t’apprécie et te souhaite dans ton aventure que succes,amitiés,Santé,beau temps,bon vent et les pneus toujours bien gonflés….Hélène et Charly..wouff-wouff
Merci Hélène et Charly!
La flexibilité est surement la clé d’un voyage comme celui-ci… merci pour vos belles paroles et j’espère que tout continuera comme cela!
Amicalement Chris
Dis donc les commentaires se multiplient, tu commences à devenir populaire dis voir!
Euhm, plus de précisions sur le « bâton à chiens » dont tu parles s’il te plait???
Ben ça fait vraiment plaisir de voir tant de commentaires c’est sur! Mon bâton à chien est un cadeau d’un paysan roumain. C’est très pratique pour faire fuir les molosses qui essayent de s’attaquer à mes mollets et aux sacoches de mon vélo… Il suffit de le lever bien haut, de crier et le chien s’arrête net dans neuf cas sur dix… quand il ne s’arrête pas, il faut pédaler plus vite! Es ce que j’ai répondu à votre question Mademoiselle?
Nous sommes ravis de « reprendre » la route avec toi !
Rentrés depuis deux mois exactement … le temps passe ici dans le Vercors à une allure folle. Nous revons de ranger les skis pour la reprise des tours de VTT !
Nous revivons notre aventure à travers les diaporamas photos, expo et festivals … mais plus encore en suivant la route des copains de vadrouille tels de toi !
Courage pour les coups durs et profite bien de tout le reste du temps !
Caro et Marco (rencontrés à Kose Pension au moment du tremblement de terre de Van)
C’est avec un très grand plaisir que je vous lis les amis. J’ai bien suivis vos dernières étapes avant le retour et cela à du faire vraiment bizarre de vous retrouver entre 4 murs… J’espère que vous faites le plein de rencontres dans la suite de vos aventures et qui sais, peut être une autre fois sur la route!
A bientôt
Chris
[…] oui, vous vous souvenez, c’est les deux cyclos que avec qui j’avais roulé lors de ma reprise et le passage des 10’000km). Et entre Batman et Mydiat il y à Hasankeyf. Beaucoup de monde […]
[…] retombe sur Erika et Albert, le couple de cyclotouristes avec qui j’avais roulé lors de ma reprise en Cappadoce. Feu de camp par le cuistot Albert […]