Morceaux choisis et bonus

Départ de Téhéran, je commence un nouveau carnet de route. Ces petits cahiers que je noirci sont un peu m’a thérapie, mes amis à qui je confie souvenirs, pensées, remis en question, déceptions et tout ce que me passe par la tête. Pour changer un peu, entre Téhéran et la frontière turkmène voici quelques instants volés à ce nouveau cahier, le 6ème :

27.05.12
Nouveau carnet, nouveau level ! Me voilà sur la route depuis 4 jours « … »

28.05.12
« … » J’ai revu mes quatre amputés. Ces hommes qui parcourent leur pays à moto avec un ou deux membres en moins… Je suis toujours aussi admiratif. Cette fois, nous prenons le temps de parler, boire un thé et de changer le monde. Le voyage n’a de limite que celle qu’on s’impose, je crois que j’ai dû lire cela à quelque part… « … »

29.05.12
« … » J’ai quitté la grande route, enfin. Je retrouve des voies à taille humaine, moins de trafic, plus de liberté ! Et ces villages où pas grand chose se passe. Où je reste assis sur le seuil de l’épicerie avec le tenancier. Toutes les dix minutes, une question qui vient juste couper le silence. Nous regardons simplement la vie des gens qui passent. « … »

30.05.12
« … » La pause de la mi-journée à l’ombre d’une vieille mosquée déserte. J’occupe la maison des oiseaux. Moineaux et compagnie y ont fait leurs nids. Moi, j’y squatte l’après-midi. Je ne suis pas le bienvenu, on me reproche mon intrusion, mes mouvements et mon bruit. Certains volatiles me crient dessus et il y en a même un qui me défie ! Je laisse du pain en partant, ils le mangerons quand je serais loin, c’est ma contre-partie, mon loyer. « … »

31.05.12
Un carrefour, aucune indication, des voitures, des camions, des échoppes, des restaurants, des chèvres, des gens, beaucoup de gens. Un joyeux bordel que j’observe depuis la fenêtre d’un « fast-food ». 2 hamburgers et 3 fanta pour 1.50 fr (franc suisse) qui dit mieux ? Les gens sont curieux, ils sont capable de me regarder écrire dans mon carnet pendant vingt minutes. Je m’y suis fait à la longue « … »

01.06.12
Hier après le dîner, je me trouve un jolie coin d’ombre. Un grand arbre, un petit canal d’irrigation pour la fraîcheur et des fourmis pour que ce ne sois juste pas parfait. Je trouve la perfection de plus en plus triste… Un chauffeur et sa camionnette sont là, on prend chacun un coté du ruisseau et c’est la sieste. Je me fait réveiller par des bourrasques de vent. C’est lui qui me pousse à partir en retournant ma bâche et mes affaires. Je l’écoute et reprend donc ma route. « … »

02.06.12
« … » Midi, chaud, trop chaud. Je trouve une maison abandonné au milieu de cette piste. Personne, rien que moi, mon vélo et les moineaux que je prive d’ombre. Dans ma cabane je suis bien ! Je lis, je dors et je mange, une vie ! Près de moi, un gros insecte, plus grand qu’un petit beurre. Il reste cloître dans une fente du mur, terrorisé par la grosse bête que je suis… « … »

03.06.12
« … » Des fois, de drôle de truc me passe dans la tête. Je me questionne sur les chances de survie de la fourmi qui s’est accroché à mes sacoches lors de mon dernière arrêt et qui est à plus de 3km de chez elle Va elle essayer de retrouver sa fourmilière ? Se faire adopter ou capturer par d’autres fourmis ? Va elle mourir de désespoir ou simplement profiter de l’occasion pour explorer et prendre du plaisir ? Et plus j’y pense, plus je réalise que cette fourmis et moi, nous avons beaucoup de choses en commun. Je suis bien loin de chez moi. Je ne manque pas à la société et j’explore d’autres fourmilières au grès de de ma route et de mes envies. Je suis hors du système, bien loin de la réalité, du quotidien, je vis une vie de fourmi emporté par le vent… « … »

07.06.12
« … »Me voici à Mashhad. il m’en fallait du repos, 5 jours. Des gens parfaits, des journées à rien faire, un visa de plus en poche (Turkménistan). La route me rappel, demain ma belle, demain… « … »

09.06.12
voilà, c’est fait ! 15’000km au compteur, mon chemin s’allonge. 106Km pour l’étape du jour, j’ai mal géré mes ravitaillements, plus d’eau, ni de nourriture en réserve… Au Turkménistan, je ne pourrai pas me permettre ce genre de fantaisies.

10.06.12
Argh, c’est dure, il y a rien d’autre à dire. Il fait beaucoup trop chaud pour moi et je ne sais pas comment je vais survivre dans ce désert. Et la chaleur n’est pas prête de descendre… franchement c’est dur… « … » Demain Turkménistan, dernière nuit d’Iran. A un jet de pierre de la frontière, je la voie, je peux presque la toucher. J’ai passé la journée à paresser. Boucler bien vite mes 40km et fait les courses pour 5 jours de traversé, la seule activité du jour… demain, je dit au revoir à l’Iran… «… »

Et pour finir en beauté, voilà la galerie de mes meilleures photo d’Iran.