Welcome in Russia !

Arrivé au bout du monde en bateau, c’est quelque chose !

La Russie m’ouvre ses bras et je débarque à Vladivostok. La plus grande ville du Far East. Premier tour de roues et première claque. Après la Corée du Sud ultra moderne, discrète et proprette sur elle me voilà à déambuler entre des immeubles de l’air soviétique vétustes et désuets. Les routes en piteuses état m’obligent à slalomer entre les nids de poule et les vieilles bagnoles. Les détritus, qui ne m’avaient pas manqué depuis la Chine, refont leur apparition… Voilà un nouveau monde bien différent… Mais laissons la première impression de côté si vous le voulez bien et partageons un deuxième sentiment de mon arrivée. Même pas quelques minutes sur la route et me voilà perdu. Je grimpe sur les hauts de la ville pour me repérer. Je découvre les quartiers d’habitations, avec ses petits vieux qui refont le monde sur un banc, les enfants qui jouent dans les parcs et les ados qui rejouent la finale de la coupe du monde de foot sur un terrain vague. Je ressens la chaleur humaine, j’entends les cris, les rires, la vie. Une autre différence avec la Corée du Sud, les gens partagent en public, on se donne rendez-vous devant l’immeuble, la chaleur humaine rempli les vieux quartiers. Loin de l’ambiance calme et discrète de mes deux derniers mois.

Vladivostok

Petite animation dans un centre pour jeunes défavorisés

Du crabe au menu!

Pour les premières nuits de Russie, c’est Artyom et Kseniia qui m’hébergent. Apparemment, il faut que j’aille m’enregistrer dans un bureau de la police de l’immigration. Ce n’est pas la première fois et Artyom prépare toute la paperasse pour moi. Cela avait l’air simple mais voilà comment cela s’est vraiment passé. Voici un petit extrait de mon carnet de route :

« … Je découvre les joies de l’administration russe. Des immeubles vétustes remplis de bureau à tous les étages. Des escaliers labyrinthiques où les gens attendent bien sagement en file indienne, les bras chargés de dossiers et autres papiers. 1,2,3 bureaux et on nous dit que ce n’est pas le bon immeuble… 1,2,3 immeubles et on nous dit que ce n’est pas le bon quartier… et ça recommence 1,2,3… Las, je fais comprendre à Artyom que vue la difficulté de la procédure, PERSONNE ne s’enregistre en Russie. Un dernier essai me dit-il… ce fût l’essai de trop…

 

On fait chou blanc mais en sortant, un type grassouillet au crâne dégarni nous demande ce que l’on cherche comme ça. Artyom, plein de bonne volonté lui explique l’histoire. Erreur numéro une. Il me demande mon passeport et moi, plein de bonne volonté, je le lui donne. Erreur numéro deux et sûrement une des plus grosses du voyage. Il regarde mon visa, il me regarde, il retourne à mon visa et sourit.

 

Il demande à Artyom en russe :

 

– Il a un visa Business, il fait quoi comme business ?

– Heu…

– Et son contact est à Moscou, qu’est-ce qu’il fait à Vladivotok ?

 

– Heu………

– Bon, suivez-moi.

 

Plus de 6 heures dans les bureaux à être interrogé sur tout mon voyage. Sur toutes les personnes que j’ai rencontrées, sur tous les visas que j’ai obtenus… On me montre un article de loi qui stipule que je n’ai pas le bon visa, que j’essaye de tromper la grande Fédération de Russie. On me soupçonne d’être un espion à la solde de la Chine ou de la Corée du Nord (véridique!)

Le verdict tombe et mon bourreau me dit :

– Monsieur, vous devez payer une amende de 2000 dollars et quitter le pays dans les 3 jours.

 

Gros doute, grosse frayeur, la rage et les larmes me montent. Quoi, ça finit comme ça ? Deux ans de voyage, deux ans de combats pour finir expulsé par un inspecteur qui s’ennuie dans son bureau ? Juste parce que je voulais bien faire ? Moment de silence puis on se bat avec Artyom. On expose mon cas, on dit que l’on veut parler avec mon ambassade, avoir un traducteur en français. La police ne veut rien savoir. Pas moyen de négocier. L’inspecteur fait son show et nous montre sa supériorité. Mais je ne renoncerai pas ! J’ai le temps, on va attendre que l’ambassade ouvre à Moscou et on trouvera une solution. De son côté, mon compère ne perd pas son temps et passe des coups de fil. Il a un contact qui a un contact dans l’immeuble où l’on se trouve. Notre stratégie porte ses fruits. Devant mon obstination à ne pas bouger de ce bureau et après un coup de téléphone d’un supérieur, notre inspecteur lâche l’affaire. Je paierai bien 2000 roubles (et pas 2000 dollars) et je ne rentrerai pas à la maison ! Mais pour ne pas perdre la face, Monsieur le représentant de la loi tente un baroud d’honneur. Il me dit que j’ai envoyé illégalement mon passeport depuis la Corée du Sud en Suisse pour faire mon visa russe… Là, je ris jaune et dis à Artyom de traduire :

 

– très bien, alors vous pouvez contacter l’ambassade de Corée du Sud à Moscou qui ouvre dans 3 heures, leur demander d’entamer une procédure contre moi et de faire un mandat d’arrêt international à mon encontre. A ce moment-là, je viendrai de mon propre chef me présenter dans votre bureau pour m’amender de ma peine. Mais d’ici là je vais continuer ma route, vous avez mon numéro et j’attends de vos nouvelles.

Étrangement, je n’ai eu droit à aucun commentaire quand je suis sorti du bureau… »

Une histoire qui aurait pu sonner la fin du voyage. Mais la fin n’est pas encore arrivée !

Après quelques jours à Vladivostok, que j’occupe entre visites touristiques et visites d’écoles, la route me rappelle à elle. Et me voilà parti en direction du lac Baikal. Un peu près 4000km m’attendent avant de rejoindre les eaux claires de la plus grande source d’eau potable du monde. Russie, me voilà !

Vladivostok

Première nuit de bivouac

4 Réponses à Welcome in Russia !

  • Alexander

    Крис, ждем продолжения рассказа о путешествии по России

  • Chanson

    cher chris avec mon mari nous avons fait le transiberien il y a environ 15ans sans problèmes j’espére qu’il em sera de meme pour toi
    amitié
    SIMONE

    • Chanson

      cher chris avec mon mari nous avons fait le transiberien il y a environ 15ans sans problèmes j’espére qu’il em sera de meme pour toi
      amitié
      SIMONE

  • Rouiller Sébastien

    Salut Chris,

    De retour depuis quelques mois d’un voyage à travers la Russie, j’avais aussi pris un visa business, mais je ne me suis jamais enregistré et ça n’a pas posé de problème pour quitter le pays (c’est une légende cet enregistrement..;). Malgré un accueil plutôt froid au début de mon arrivée, j’avais au final eu de la peine à quitter ce magnifique et grand pays et les personnes fort sympathiques qui l’habite. Bonne route pour le Baïkal et déguste un « Omoul » pour moi là-bas. счастливо пути

    Séb

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