D’un état à un autre et du Nord au Sud du Vietnam

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« La révolution c’est comme une bicyclette: quand elle n’avance pas, elle tombe »
Che Guevara

 

Dans un voyage, qu’il soit à vélo, en sac à dos, que ce sois des vacances ou même dans la vie en général, on peut passer très vite d’un état d’esprit à un autre. Le changement peut être radical, certaines fois un peu trop. Pour ma part voilà comment je suis passé d’un sentiment d’invincibilité à celui d’une vulnérabilité bien trop palpable.

Tout commence après la petite ville de Vinh, où j’avais rejoint Raph pour notre dernier jour ensemble. La route entre cette ville et Hanoï en vaut franchement pas la peine. C’est la fameuse « One », la national qui longe la côte, le cauchemar des cyclistes. Beaucoup de trafic, beaucoup de travaux, beaucoup de bruit, beaucoup de choses qui ne font pas vraiment rêver.

La national 1, ses camions, sa route poussiéreuse et son train...

La national 1, ses camions, sa route poussiéreuse et son train…

Petit tour par Tam Coc, appelé la Baie d'Along terrestre, des endroits comme celui-là, ils y en a plein du coté de la route HCM

Petit tour par Tam Coc, appelé la Baie d’Along terrestre, des endroits comme celui-là, ils y en a plein du coté de la route HCM

Mais je m’égare et revenons à Vinh. Donc après des adieux presque déchirants, une des plus belle route du monde m’appelle. La route Hô Chi Minh (à ne pas confondre avec la piste du même nom qui passe presque totalement en dehors des frontières du Vietnam et qui a un lourd passé historique). La voie passe dans les montagnes et traverse presque totalement le pays du nord au sud. On m’en avait parlé, j’en avais beaucoup lu à son sujet et à vrai dire j’étais plus qu’impatient.

Et me voilà en train de gravir des montagnes, à suer comme un ours polaire au cœur du Sahara et à boire des hectolitres par jour. Mais mais que dire? INCROYABLE. Baladé de haut en bas, de droit à gauche dans des paysages mythiques, je suis comme un gamin le jour de Noël. Entre les fameux « pains de sucre », ces collines rocheuses tellement typique du pays, des villages de huttes et de maisons de bois, tout ce vert qui envahit l’espace à perte de vue c’est un régal. Mais ce qui fait que cette ambiance est admirable, c’est le bruit de la jungle tout autour. Je crois qu’il faut l’avoir vécu pour le comprendre. Le bruit de la jungle, cette bande originale de vie, c’est un orchestre, une symphonie. Avec pour les cordes les grillons et d’autres millions d’insectes, du plus minuscule, tout en douceur, aux géants qui assourdissent de leurs grincements strident. Pour les cuivres, la multitude d’oiseaux avec leurs mélodies chaloupées et entraînantes. En ce qui concerne les bois, là, c’est assez évident et il n’y a qu’un seul instrumentiste, le vent qui fait craquer tour à tour un tronc de palmier ou un bout de bambou et qui, en fond sonore, fait bruisser gentiment les fougères et les feuilles géantes des bananiers. Quant aux percussions, ce sont tous ces bruits indéfinissables tels que cliquetis, pétillement, clapotis, grincements, murmures, tintements et bien plus encore. Une symphonie qui emporte son auditeur dans un autre monde. Et quand, les singes s’invitent en Guest Star à l’aube, avec leurs cris et leurs hululements, je me dis que je suis bien chanceux d’être là où je suis.

Du vert, du vert, du vert

Du vert, du vert, du vert

Seul au monde, route parfaite, que demander de plus?

Seul au monde, route parfaite, que demander de plus?

Une des centaines de cascades rencontré au bord de la route, l'occasion d'une bonne baignade

Une des centaines de cascades rencontré au bord de la route, l’occasion d’une bonne baignade

Décor de rêve pour cycliste réveur

Décor de rêve pour cycliste rêveur

Regardez, fermez les yeux et imaginez vous cette incroyable musique

Regardez, fermez les yeux et imaginez vous cette incroyable musique

Une route parfaite qui me donne des ailes. Malgré la chaleur et le dénivelé, je boucle 700 km en sept jours. J’ai l’impression que rien ne peut m’arrêter. Me voilà invincible et impossible à arrêter. Moi, peut-être, mais pas Pui-Pui apparemment. Et après seulement 3500 km, ma bécane m’offre ses premiers doutes. D’abord sous la forme d’un bruit dans la roue arrière, puis d’un frottement. Après analyse et démontage de la cassette, je découvre qu’il est possible de casser tellement de choses sur un vélo. Vous savez ce petit mécanisme qui permet de reposer ses jambes pendant les descentes ou de changer de rythme pendant que la roue arrière tourne sans devoir continuellement pédaler. On appelle cela une roue libre. Et cela casse aussi tiens ! J’en apprends tous les jours et là c’est un peu le cœur serrer que je vois les billes du mécanisme se rependent sur le trottoir d’un marchand de vélos de la ville de Danang… Me voilà bien misérable… d’invincible je passe à impuissant et fragile. La solution, dans ce pays aux millions de bicyclettes, mais où les bonnes pièces ne courent pas les rues, est de se rendre à Hanoï ou à Saïgon (Hô Chi Minh City). Alors, je découvre les rues et les vélocistes de la capitale du Sud. Un nouveau moyeu complet et me revoilà prêt à partir. Changement d’humeur, changement de trajectoire. Je laisse tomber les montagnes et je vais m’attaquer au Delta du Mékong. Pas prévu au programme, mais une grosse envie de kilomètres. Les plans changent, les idées restes.

 

Ce fût un "long chemin" pour réparer ce vélo et rebondir en allant de l'avant

Ce fût un « long chemin » pour réparer ce vélo et rebondir en allant de l’avant

Des millions de vélos, deux jeunes rentrent de l'école

Des millions de vélos, deux jeunes rentrent de l’école

Des millions de vélos, même sous la pluie

Des millions de vélos, même sous la pluie

Petite route si belle et si jolie, ne m’attends pas ces jours, je ne reviens pas, mais sache que je ne t’oublie pas. La tête pleine d’images et le cœur un peu lourd, je t’abandonne… mais un jour je reviendrai sûrement pour rouler encore quelques kilomètres avec toi.

La route HCM ce n'est pas que des paysages mais aussi de belles rencontres. Ici des chasseurs de serpents

La route HCM ce n’est pas que des paysages mais aussi de belles rencontres. Ici des chasseurs de serpents

Une bande de gamins qui me regardent faire mes courses

Une bande de gamins qui me regardent faire mes courses

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La vie est pleine de rebondissement. Et passer de deux états d’âme diamétralement opposée est chose courante. Encore plus en voyage. Alors, il faut rebondir, s’accrocher et prendre de la vitesse dans les creux afin de remonter la pente plus facilement. Et c’est ce qui est bien avec le mouvement, c’est que l’on apprend à bouger, à avancer, pour ne pas rester là à hésiter, ruminer ou abandonner. J’ai appris à m’accrocher et à ne pas trop lâcher l’impulsion que j’ai entreprise. En définitive, peu importe la direction que l’on prend, il ne faut juste pas s’arrêter. Il est bien plus facile de corriger une trajectoire que de se donner un coup de pied au cul pour repartir. Alors voilà un peu de philosophie de supermarché : Un voyage, une révolution ou peut-être bien la vie, c’est comme une bicyclette, quand ça n’avance pas, ça tombe. Alors restons en mouvement !

 

La route, lieu de vie

La route, lieu de vie

42'000 km

42’000 km

Petit campement sur une plage de sable blanc,au bord d'une rivière

Petit campement sur une plage de sable blanc,au bord d’une rivière

Presque jaloux des buffles d'eau qui ont trouvé une solution à la chaleur

Presque jaloux des buffles d’eau qui ont trouvé une solution à la chaleur

5 Réponses à D’un état à un autre et du Nord au Sud du Vietnam

  • Amandine

    The show must go on!!! 🙂

    • chris

      Et le show continu! merci encore de me suivre Amandine!

  • Sonia

    Toujours autant de plaisir à lire vos aventures….. C’est quoi la suite du voyage? Le Japon? L’Australie ou les Etats-Unis? Bonne route!

    • chris

      Merci! La suite du voyage, ce sera le Canada et les USA pour la mi-juin! Japon et Australie ce sera pour une autre fois, je garde ces pays bien au chaud! Salutations à la famille!

  • blaire + sue

    hi chris, we met you in a bike shop in Bangkok when you were picking up you new frame and Cateye, we have been following your trip and will follow you in Canada and hopefully you get close to our location

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