Cambodge-Thaïlande Express: On ne dit jamais assez merci…

« Vous avez la montre, nous avons le temps »
Proverbe cambodgien

25 mai 2014, 5h du matin, Bangkok

 

Le jour se lève paresseusement sur cette ville qui n’est censée ne jamais dormir. À un jet de pierre de Kaosan Road, je suis debout, accoudé à la balustrade du troisième étage d’une guest house, à observer le monde sortir gentiment de la torpeur. Une nuit calme comme jamais ici, la loi martiale a été décrétée après le coup d’État de l’armée. Les Thaïlandais vive très bien cette situation et les choses se font dans la douceur. À part trois ou quatre militaires en patrouille, personne ne pourrait dire que la révolution est en marche.

En ce qui me concerne je boucle une boucle. Bangkok est la dernière étape d’Asie de ce tour du monde à rallonges. L’Asie, c’est donc fini ou presque pour mes mollets. Difficile de me dire ça, ce continent m’a tellement apporté, il faudrait presque que j’écrive quelque chose là-dessus non?

Et comment se sont déroulés les derniers kilomètres dans ce coin de la planète? Vite et bien. Petits extraits de route.

 

18 mai 2014

 

Partir après 14h n’est pas vraiment l’idéal pour avancer, mais de faire une sieste de 14h10 à 16h00… là c’est carrément indécent. Est ce vraiment ma faute? après cinq jours passés dans la petite ville de Kep, avec une équipe de volontaires franco-suisse qui vivait à deux pas de la guest house où je vivais, je dirais que c’est presque normal. Venu là pour rejoindre Benjamin, un Français rencontré lors du voyage en bus vietnamien, je pensais venir faire simplement une animation, trinqué un coup et reprendre la route… À la place, je tombe sur des congés scolaires et me retrouve adopté par les gens d’ici. Des personnes de passage à plus ou moins long terme, des gens qui voyagent comme moi à plus ou moins long terme, des jeunes et moins jeunes passionnés par le monde et la vie, ils y avaient de grandes chances pour que l’on s’entende. Et me voilà un peu comme à la maison en train de parler de tout et de rien devant un plat de riz-omelette-tomate. À traîner dans un hamac, à courir après les couchers de soleil ou encore à rire aux larmes pour rien. Une pause qui arrive à point, une parenthèse qui me permet de créer des liens et de construire quelques choses même si ce n’est qu’éphémère. Voilà ce qui manque le plus au voyageur, un lien social qui se cherche, se trouve et se construit. Alors quand les choses se font si naturellement comme à Kep, je ne vois pas l’intérêt de partir si vite… Rien à dire, juste, merci!

 

Couché de soleil sur Kep

Couché de soleil sur Kep


19 mai 2014

 

La route est bien là, j’en bouffe des kilomètres aujourd’hui. pas de pause, je suis en mode Armageddon. Le Cambodge défile, fidèle à lui-même. Sourire, pouce levé, rire, il prend son temps, il avance à son rythme et j’aime regarder ce pays vivre comme cela. Passer comme un coup de vent et garder ces images de leur vie de tous les jours bien ancré dans ma tête. Je me dis que je suis un type avec beaucoup de chance… Merci!

 

La route passe aussi par des petites pistes. Celles-ci me font gagner quelques kilomètres

La route passe aussi par des petites pistes. Celles-ci me font gagner quelques kilomètres


20 mai 2014

 

Ne rien lâcher voilà ce qui m’a rempli la tête aujourd’hui. Du vert, du vert, du vert, voilà ce qui m’a rempli les yeux toute la journée. trop chaud, beaucoup trop chaud, voilà ce que j’ai ressenti de 6 h du matin à 6 h le lendemain. Sur la route de la forêt des cardamomes, il n’y a pas mille choses à faire à par grimper et admirer. J’avais quitté la jungle et les collines au Vietnam, je retrouve le tout ici. Bien loin de tout, un village tous les 40 km me voilà seul contre moi-même. La chaleur me met à mal et les jours de pause cumulés ne m’aident pas. Alors c’est contre moi que je dois me battre cette fois, ne rien lâcher, aller de l’avant coût que coût et arrivé au bout de cette route. Alors, je me fixe des challenges, des objectifs. La prochaine colline, les prochains cinq kilomètres, le coin d’ombre là-bas. Plein de petits bouts de route qui me permettons d’arriver jusqu’à Koh Kong, ville presque frontière avec la Thaïlande. Et c’est donc après 7h35 de route et 123 bornes que j’arrive au but, et pour me féliciter, le soleil se couche en laissant un ciel unique. Les tons de rouge, d’orange et de rose se mêlent aux dégradés de bleu et de gris qui colorent la texture des centaines de nuages au-dessus de moi… Merci!

 

A l'entrée de la forêt des cardamomes

A l’entrée de la forêt des cardamomes


21 mai 2014

 

Mes jambes ne veulent plus avancer et le corps fait un refus d’obstacle… Une frontière de passé, une page de moins dans mon passeport… Me voilà en Thaïlande, mode automatique enclenché… après 50km, mon vélo refuse d’avancé ou c’est peut-être bien moi, nous avons pas l’énergie d’en débattre. Je m’écroule à un checkpoint rempli de militaires. Et me voilà avec une dizaine de papas poules. De l’eau glacée, de l’ananas, des litchis… Les sacoches et le ventre plein, je boucle la journée en meilleurs forme et le sourire aux lèvres… merci!

 

Un campement bien mérité en fin de journée
Un campement bien mérité en fin de journée

22 mai 2014

 

Tiens des cyclos, tiens des Français! Deux lascars couchés à l’ombre d’une cabane prennent du repos. Voilà un moment que je n’avais pas croisé du monde du coup, on parle, beaucoup. Mais la route attend et je motive mes deux amis du jour à rouler un bout ensemble. Nous pourrons aligner les kilomètres, partager la route et combattre le vent en équipe. Mais ils déclinent mon offre, c’est en stop qu’ils continueront leur route. Pour eux, Bangkok, c’est aujourd’hui. L’âme en peine, ou presque, je reprends la route, fais deux cents mètres, tombe sur un resto, fais demi-tour et propose aux garçons de manger ensemble. Deux soupes de nouilles plus tard, les voilà qui embarque dans le camion du client d’à -coté. Bonne route les gars, merci et surtout bon vent!

Au près de mon arbres, je siestais heureux...

Au près de mon arbres, je siestais heureux…


23 mai 2014

 

Il me faut de l’eau, de l’eau! plein de petites bossent ont décidé de parsemer la route aujourd’hui. Une usine sur le chemin, je m’arrête pour y quémander un peu de flotte. Les gars sont extra et j’ai droit aux remplissages de deux bouteilles avec de l’eau fraîche. Un petit bonheur qui n’a pas d’égale sur le moment. Nous entamons la discussion et je raconte mon voyage. Un des type, touché par ce que fais, sort un cadeau de sa poche. Il m’offre un petit bouddha en métal. Je suis sur le cul, quel cadeau! toute une signification dans ce pays et pour ces gens, me voilà bien touché et c’est avec ce petit bouddha que je vais désormais continuer de rouler sur les routes du monde, encore merci!

 

Petite bouddha, grande signification

Petite bouddha, grande signification


24 mai 2014

 

La capitale n’est plus qu’à 120 bornes. Un dernier coup de collier et me voilà arrivé. Il faudra faire 80 km de presque autoroute pour arriver aux portes cette grande ville. Là, pour les deux dernières heures, j’engage une course folle dans la circulation. Je pousse les voitures, fais des queues de poisson au tuk-tuk, fais mordre la poussière aux taxi et surtout je rivalise de prouesse contre les moto taxi et les coursiers en scooter. Des sourires, des coups de poker, de l’inventivité, il n’en faut pas plus pour créer une complicité dans ce trafic à 10 à l’heure. encore un bon moment, merci!

 

L'entrée dans Bangkok, Entre voie rapide, voie de contournement et Sky Highway, mon cœur balance (presque)

L’entrée dans Bangkok, Entre voie rapide, voie de contournement et Sky Highway, mon cœur balance (presque)

5h du matin, la ville se réveille...

5h du matin, la ville se réveille…

Me voilà rendu, le soleil s’est levé et comme chaque matin, je l’en remercie. Beaucoup de merci, vous allez dire, mais quoi de plus normale de dire merci aux hasards, aux coup de chances, aux gens de la route, à ceux de passage et aux autres qui partage un bout de vie avec moi? Et un merci, c’est comme un sourire, c’est universel et cela ne coûte rien. Et surtout cela rend le monde plus beau. Alors, j’en donne, j’en distribue, j’en abuse et je ne limite pas. Et tient, pour la peine, à vous qui me lisez, me commentez, avec qui j’ai toujours autant de plaisir à partager ce rêve, vous sans qui ce voyage ne serait pas possible, merci!

 

Gecko qui se prélasse sur ma tente après l'orage

Gecko qui se prélasse sur ma tente après l’orage

Un cycliste chinois rencontré sur la route. Il s'est fait voler son vélo à côté de sa tente au Vietnam. Et maintenant, il rentre chez lui sur un bécane cambodgienne à une vitesse. Il ne lâche rien le garçon!

Un cycliste chinois rencontré sur la route. Il s’est fait voler son vélo à côté de sa tente au Vietnam. Et maintenant, il rentre chez lui sur un bécane cambodgienne à une vitesse. Il ne lâche rien le garçon!

 

7 Réponses à Cambodge-Thaïlande Express: On ne dit jamais assez merci…

  • Laureline

    <3 Merci à toi Chris ! J'adore te lire. C'est quoi maintenant la suite du programme alors ??

    • chris

      Merci! la suite? bah changement de continent pardi!

  • GAULT MARTINE

    superbe, merci à toi aussi pour ce beau texte ! et quelle est la prochaine étape ?

    • chris

      Merci! comment ça se passe chez vous? la prochaine étape est de l’autre coté du pacifique!

  • Nico

    Merci !

  • yann

    chris, sais pas si tu es encore dans bangkok, mais tient moi au jus qu’on se croise juste un instant, avant que tu changes de continent….suis à bangkok et aimerai vraiment te rencontré à nouveau….dans l’espoir et l’attente de te voir, chuck dee khrap….yann….

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