Tibet, des montées qui donnent à réfléchir

Lanhzou-Ya’an avec « un peu » de politique

20 heures de train, un après-midi et une nuit entière pour arriver aux portes du Tibet. Pendant le trajet, nous repassons par Yinchuan. Cette ville que j’avais tant appréciée lors de notre premier passage en Chine. Du coup, la boucle Coréo-russio-mongole est bouclée et nous revoilà en route pour le Sud.

Lanzhou, 8 h00 du matin, il pleut… pas qu’un peu. Des trombes d’eau s’abattent sur cette ville grise et morne. Pas plus motivé que cela pour démarrer, nous dénichons un hôtel pour sécher nos vélos et nos vêtements. Et c’est le lendemain que nous partons pour les montagnes.

Cyclotouriste_équipement_col

Nous voilà fin prêt pour la grimpette

Le Tibet… un endroit qui nous a fait rêver… Les hauts plateaux, les temples, les drapeaux de prières qui flottent au vent… un rêve de plus qui se réalise. Nous roulons contre le haut, évidemment. La région d’où nous partons est majoritairement peuplée de Ouïgours, cette minorité musulmane rencontrée pendant le premier trip chinois tout à l’Ouest. Lors d’un passage de district, nous changeons de religion, les temples et les stupas remplacent les mosquées et les minarets. Le changement est radical. À peine 3 km après ce passage, nous jouons une partie de basket avec des moines avant de camper sous une stupa.

Les paysages, eux, prennent leurs temps pour changer. De collines, nous passons à montagnes en plusieurs jours. tranquillement, au rythme de nos mollets, nous admirons le décor changé autour de nous. Moins d’arbres, plus de pentes raides. Les visages changent aussi. Les traits sont plus marqués, les peaux sont plus mates et les sourires plus éclatants. Nous y sommes, le Tibet imaginé est à portée de main! Mais voyons un peu la face cachée de cette région.

Gansu_collines_cultures

Des collines à pertes de vue, à quand les montagnes?

panneau_altitude_3500m

Presque sans nous en rendre compte, nous voilà déjà à 3500m

Gansu_temple_tibétain

L’ambiance est là, nous voilà devant notre premier temple

Comme beaucoup le savent, il est interdit (mais pas impossible) de voyager seul dans la province autonome du Tibet. Lhassa et ses alentours sont donc fermés aux touristes qui n’ont pas de guide et un permis du gouvernement chinois. Mais le Tibet ne se limite pas à cette région et pour les provinces voisines comme celle de Gansu, Sichuan et Yunnan par exemple (celles qui sont sur notre programme) pas besoin de tout cela, un visa suffit. Lors de la « réunification » entre la Chine et le Tibet, ces provinces-là ont été directement et simplement incorporées au sein de la république populaire de Chine. Mais quand on met les pieds dans ce coin, on sent bien que ce n’est pas la chine et que ces gens n’ont pas envie d’être chinois. Et nous y étions pendant les fêtes nationales. Autant dire que chaque maison, surtout ici, devait planter son drapeau chinois sur le toit ou dans le jardin (nous l’apprendrons deux semaines après notre passage, mais la région a été le théâtre de manifestations, manifestations réprimées évidemment). que les villes sont couvertes de rouge et jaune pour fêter le pays et surtout l’anniversaire de ladite « réunification ». Il nous reste un sale goût dans la bouche. Nous assistons à la propagande et au lavage de cerveau de cette minorité. Et ce n’est pas la première fois que nous voyons cela en Chine… Les ouïgours des régions de l’Ouest n’ont pas le droit de parler à des touristes dans certains coins, sous peine d’emprisonnement. les Mongoles du Nord sont obligées de se sédentariser, où comment tuer l’âme d’un peuple nomade depuis des siècles. Les minorités de l’Est sont déplacées ou « envahies » par les Hans, l’ethnie majoritaire de Chine. Et le Sud n’est sûrement pas mieux loti. Alors voilà un peu notre état d’esprit sur le moment, quand nous apercevons tout ce maquillage et ce bourrage de crâne. Et dans les cols où nous grimpons, nous cogitons sur ces pensées. Est-ce que nous participons à cette « purification » du toit du monde ? Est-ce que, si nous ne sommes pas d’accord, devrions nous vraiment venir ici ? Beaucoup de questions, peu de réponse. Mais nous avons l’impression d’avoir fait le bon choix. De venir voir un peu ce qui se passe vraiment dans cette partie du monde, dans ce grand pays qui est la première puissance mondiale. De partager avec les gens, de recueillir quelques témoignages et de nous faire notre propre avis (qu’il soit bon ou mauvais, juste ou faux, peu importe, on se le fait nous même, grande différence). Et aussi de partager nos opinions. Avec les touristes de passage, nos familles, amis et vous lecteurs. Nous donnons notre version des faits, une de plus, sûrement un peu faussé, qui se noiera dans la masse. Mais nous partageons. N’est pas cela voyager ? Partager ? Et vous qu’en pensez-vous ?

Nous n’allons pas nous étendre sur le sujet, et surtout le but n’est pas de créer une polémique mais plutôt une réflexion.

Portrait_Enfant_Tibet_Tibétain

Une petite fille joue les modèle pendant que sa grand-mère fait tourner un moulin de prière géant

Tibet_Stupa

Entre deux cols, nous pouvons admirer les stupas un peu partout

Portait_Femme_tibet_tibétaine

A peine commencer la journée, nous nous faisons arrêter par trois femmes pour un brin de conversation

Drapeau de prière_col_tibet

Les drapeaux de prières sont présent pour marqué le haut des cols

Revenons plutôt sur la route. Route qui nous a fait monter plus haut que jamais avant de nous faire redescendre dans la jungle. C’est là, dans la petite ville de Ya’an, située dans la province du Sichuan, que nous renouvellerons nos visas pour un mois de plus et attaquerons de plus belle ces montagnes pour un deuxième passage près des sommets géants. C’est une autre histoire, et promis, cette fois, moins de politique et plus de paysage magique.

Montagne_route_tibet

Les géants, certains haut de plus de 7000m pointent le bout du nez

Chine_sourd_muer

Une rencontre incroyable avec un groupe de sourd-muet. Ils traversent le Tibet en moto pour promouvoir leur association.

Virage_col_Tibet

ça tourne, ça grimpe, ça sue mais qu’es ce que c’est beau

Col_tibet_descente

Et après les difficultés. la cerise sur le gâteau: une descente interminable qui restera gravé dans nos mémoires. Ce sont les freins qui n’ont pas apprécié

Jungle_Sichuan_chine

Après les sommets, la jungle. Nous redescendons pour la ville de Ya’an et nous goutons aux joies de l’humidité tropicale

3 Réponses à Tibet, des montées qui donnent à réfléchir

  • Laureline

    Il est génial ce poste, d’ailleurs sans m’en rendre vraiment compte, c’est la 2ème fois que je le lise ! Continuez à partager … Enfin continuez à voyager et à nous raconter !

    Bécots,

    • chris

      Salut jeune fille! merci! ça n’a pas été facile pour moi de l’écrire et de rester impartiale par rapport à tout cela. Mais j’avais vraiment envie de partager nos impressions. C’est cool d’avoir ton feedback!
      La bise, moulte

  • Sabine Galli

    Hello les deux, plein de bisous et bonnes fête Sab la maman de Chris

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